Du courage !
Il va en falloir à la nouvelle majorité de gauche qui, on l’espère, sortira des urnes en juin prochain. Du courage pour faire triompher cette réalité que les pesticides ne protègent pas les cultures contrairement à ce qu’affirment à longueur de discours, les lobbies. C’est aussi cette bataille culturelle que je mène au sein de la mission commune d’information sur les pesticides et leur impact sur la santé et l’environnement.
Des études se succèdent qui révèlent que des résidus de pesticides se retrouvent dans les sols, l’eau, notre alimentation, qu’ils sont mis en cause dans la surmortalité des insectes pollinisateurs et dans de nombreuses pathologies qui touchent en premier lieu les utilisateurs des pesticides eux-mêmes. Même en faible quantité, l’effet cumulatif de ces produits et la permanence de l’exposition entrent dans la combinaison de facteurs à l’origine de pathologies graves : cancers, malformations, perturbations endocriniennes, problèmes neurologiques
Le gouvernement sortant a volontairement ignoré cette réalité et protégé les intérêts financiers de quelques grandes firmes et des tenants de l’agriculture productiviste. L’autorisation octroyée en catimini par le ministère de l’agriculture pour l’épandage aérien de plusieurs pesticides en mars dernier, en est une preuve. Et cette décision a été prise alors même qu’elle contrevient à la loi dite Grenelle 2 que ce même gouvernement avait fait adopter. Le Grenelle qui par ailleurs annonçait l’objectif d’une baisse de 50% en 2018 de l’usage des phytosanitaires. Les derniers chiffres prouvent l’augmentation de leur utilisation. Mais il est vrai qu’une fois le show environnemental terminé, nous n’avons cessé d’assister à la méthodique déconstruction des quelques avancées acquises. Dernièrement encore, le gouvernent a permis le maintien sur le marché du pesticide « cruiser » malgré ses effets néfastes prouvés scientifiquement et le fait qu’il soit interdit dans plusieurs pays, Allemagne, Italie, Slovénie.
Nous ne pouvons plus continuer dans cette voie, il faut sortir du modèle de l’agro-industrie dépendante des phytosanitaires. C’est une nécessité aussi bien environnementale, qu’économique et de santé publique. Il est urgent de changer de modèle agricole, de revenir à une production saine et plus locale en remettant en place les principes de base de l’agronomie. Des alternatives économiquement viables existent, elles doivent être soutenues. Il faut également favoriser l’accroissement rapide des surfaces cultivées en agriculture biologique. 20% en 2020 : c’est un objectif raisonnable, qui devra s’appuyer notamment sur le renforcement des filières du bio et des circuits courts.